Le législateur a beau prévoir tout ce qu’il veut pour éviter la responsabilité personnelle des dirigeants (EIRL notamment) vis à vis des dettes de leur entreprise, le dirigeant devra dans un certain nombre de cas donner sa caution personnelle. De quoi s’agit il ? La caution personnelle est l’engagement formel que prend une personne physique pour sa société, dérogeant ainsi au sacro-saint principe de séparation de patrimoine entre personne physique et personne morale dans les sociétés de capitaux.
Que se passe t il en réalité dans le bureau du banquier au moment de la négociation d’un prêt, d’un leasing, d’une location longue durée ? Le client va négocier les taux, et souvent, au moment de la signature du prêt, une partie du contrat est dédiée à l’engagement personnel du dirigeant. L’argument du banquier est simple, et fait mouche presque à tous les coups : comment voulez vous que l’on croie à votre dossier, si vous n’y croyez pas vous même ? Cet argument futé pique à la fois la fierté, l’honneur et le bon sens de beaucoup de chefs d’entreprise qui du coup s’exécutent en se disant que finalement, c’est logique.
A y regarder de plus près, l’engagement de caution est très lourd :
- Il brise la séparation de patrimoine entre société et dirigeant.
- Il coûte cher, car le banquier intègre déjà dans sa marge de taux, le risque d’impayé. Des frais annexes annuels lourds d’information de la caution viennent augmenter le taux interne de rentabilité du prêt. Le client paye donc deux fois le risque : une fois financièrement et une autre fois « moralement » dans son engagement.
- Il expose le dirigeant au risque, car la banque se retournera inéluctablement vers son « débiteur-caution » en cas de défaillance de l’entreprise.
Dans une négociation deux facteurs viennent atténuer les engagements de caution :
- Savoir monter des projets convaincants, car dès que la banque a le moindre doute, elle cherche à se couvrir
- Savoir négocier pied à pied en mettant les banques en concurrence à l’aide de projets bien ficelés.
Alors appliquez l’adage : qui ne tente rien n’a rien. Ne vous sentez pas obligé de signer des cautions, et ne le faites qu’en toute connaissance de cause, car celles-ci ne sont absolument pas obligatoires.